Ecouter l’environnement

« Entendre ne veut pas dire écouter, car l’ouïe est un sens mais l’écoute est un art. »

En musiques improvisées « libres/génératives », en impro totale, une très grande partie de la « partition principale » est « les autres » et donc l’environnement. Il convient donc de les écouter attentivement. Ecouter avec tous les sens.
Mais entre le dire et le faire, il y a un pas à franchir et surtout à construire, et toujours ré-interroger.
Car il relève à la fois de « techniques » et de savoir faire, certes, mais aussi beaucoup de « savoir être » constamment remis en cause par les sollicitations et impératifs extérieurs. Ce qui semble acquis à un moment, peut vite s’écrouler comme un château de cartes.
Il m’apparaît maintenant que c’est un des enjeux majeurs de la pratique improvisée.
Au delà du propos esthétique, ou des formalisations, la qualité finale des performances repose essentiellement sur cette écoute virtuose extérieure, et intérieure. Afin de faire cohabiter partition intérieure, et extérieure et d’atteindre une improvisation « en pleine conscience ».

Mais, l’agitation quasi permanente de la vie moderne nous coupe justement de ces sources. Nous sommes trop souvent dans une fébrilité constante.
Il n’est pas évident de se mettre en condition pour l’atteindre et être disponible au milieu environnant.

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Tout commence par le silence

Oui mais le silence fait peur, inquiète. Il peut être perçu comme une immobilité inconfortable. Or, Il est tout le contraire de l’inertie. Il est le début de l’écoute intérieure, de la transformation nécessaire pour être entièrement réceptif. Il est un passage obligé pour se « laver » d’un environnement bruyant et agité.

Oui, mais Comment?

  • S’assoir, s’adosser, s’allonger où l’on est pour Observer/regarder en profondeur son entourage à 360° en 3D (compter pas plus de 15sec.)
  • puis Fermer les yeux et les garder ainsi tout le temps de l’écoute active
  • Ouvrir grand les oreilles
  • Ecouter les sons qui nous entourent
  • d’où vient-il? Quel est il?
  • Sentir tous les points de contact de notre corps avec le sol, la chaise, le mur,
  • Sentir les parois éloignées, les plafonds, les limites
  • Se concentrer sur le ventre et le diaphragme
  • Inspirer profondément, plusieurs fois, sans oublier d’écouter toujours et encore
  • Sentir le corps qui s’élargit, qui prend sa place dans l’espace
  • Se caler sur sa respiration
  • Sentir les parfums, les odeurs
  • Sentir son corps peser, et lâcher prise
  • Ecouter le son se déplacer
  • Chercher le son derrière le son, celui qui est tout petit, qui se cache
  • Re-Chercher TOUS les points de contact de notre corps
  • et au delà, quels sont les objets, les personnes à proximité
  • Quand il est temps, que l’on sent l’énergie intérieure pousser et commander, tout en restant à sa place, âr exemple commencer une « improvisation corporelle » – frottements et percussions

Elle s’inscrit dans l’environnement sonore et musicale collectif.

Et après?

Ce qui est d’abord un rituel, un exercice, une pratique, peut devenir très progressivement un état, un savoir-être mobilisable en toutes circonstances.
Plus on « s’entraîne », plus le temps de mise en oeuvre est court, plus l’on devient « virtuose » dans cet art de l’écoute.
Ce sera l’occasion permanente de rendre plus artistique, un environnement qui peut semble gris, et terne; de lui redonner son épaisseur, sa richesse.
Pour être pleinement créateur, Il convient d’être un observateur permanent de notre environnement, de toutes les strates qui le composent.
Libre à chacun ensuite de le transcrire avec les énergies et les émotions qui lui sont propres.