Lâcher prise

S’il y a bien une notion que j’ai apprise à travers la pratique de l’improvisation libre musicale, c’est celle du « LACHER PRISE ». 
C’est presqu’un article circulaire que je rédige, tant c’est autant un point de départ qu’un but, une quête. Je me rends compte maintenant, après tant d’années de pratique, que cette notion est essentielle dans le champ de l’innovation, de la création, et de l’intelligence et du travail collaboratif. Beaucoup de points sont similaires, et faciles à transposer.


Lâcher prise ce n’est pas se montrer indifférent, mais simplement admettre que l’on ne peut agir à la place de quelqu’un d’autre. Ce n’est pas s’occuper de tout ce qui arrive, de tout ce que l’on reçoit, mais laisser les autres gérer leur propre chemin, dans leur propre lâcher prise. C’est alors prendre conscience que l’on ne peut contrôler autrui.
Lâcher prise, ce n’est pas être passif, au contraire. Mais dans ce cas, il faut tout d’abord accepter que tout ne dépend pas de vous. Lâcher prise, ce n’est pas prendre soin des autres, ni les sauver, mais se sentir concerné par eux.. On ne peut pas sauver le navire, il faut arrêter de « vouloir », mais plutôt devenir un élément actif de ce qui advient. C’est un état positif, sans naïveté, sans béatitude forcée, mais dans l’idée de transformer la matière produite.


Lâcher prise, suppose alors de donner le meilleur de soi-même, au bénéfice du collectif.C’est accepter de ne pas tout comprendre maintenant… ou peut-être jamais. Mais de profiter de l’instant présent, en pleine conscience. Lâcher prise, ce n’est pas un abandon, ce n’est pas rejeter c’est au contraire oser accepter. ça peut être aussi oser être sensible : sans gêne face à qui on est. C’est accepter de montrer ses défauts, ses peurs, sa sensibilité, ses besoins, etc. et accepter de l’aide quand il le faut.


Lâcher prise permet de dépasser des événements antérieurs, sans regrets. Il faut poursuivre, avancer. 
C’est en particulier vrai dans l’expérience du temps musical ou artistique improvisé. Il passe vite, coule sans heurts, mais inexorablement. L’urgence de la création est là.

AbstractLight (LF)

Alors, comment s’y prendre?
Pour commencer, le choix d’un vocabulaire libre, ouvert, est plus propice à l’abandon. Le décalage, l’absence de règles trop contraignantes, ou le choix de cadres plus lâches, laisseront de la place à l’abandon.
Mais pour cela, il faire VRAIMENT confiance aux autres, et être bienveillant et réciproquement se sentir en confiance.Il faut aller bien au delà des mots, en faire non plus des intentions, mais des actions, profondes et mesurables.

Quelques pistes pour commencer :

  • se concentrer sur l’environnement de proximité, sur l’instant.
  • être à l’écoute de gestion de son énergie, des vibrations de son corps, de ses émotions. Repérer quelles actions corporelles favorisent et accélèrent le lâcher prise (respiration, regards, mouvements…) 
  • Oser prendre le temps de l’écoute et du silence, puis oser, sans retenue, celui de la prise de parole, de la tentative. Goûter à la sensation de se jeter dans le vide.
  • Il peut être compliqué, quand on manque d’habitude, d’embrasser toutes ces entrées.  Alors, on peut aussi faire le focus sur un des points particuliers ci dessus

Il faut aussi se laisser le temps, dans la séance, dans le suivi des séances, et ne pas être impatient.
Lâcher prise, suppose une transformation profonde. Cela passe par plusieurs phases, d’abandon, de doutes, de réussites. Chaque petite victoire est un pas supplémentaire. 
Et surtout, ne jamais oublier que tout peut être remis en cause, sous le coup de l’émotion, de l’adversité, de la complexité, de la fatigue.


Tout ce chemin parcouru, conduit vers une forme de « méditation active », en pleine conscience. Elle est propice à l’échange actif où les sens sont démultipliés. Le terrain est alors favorable à la création et l’intelligence collective. C’est une alors vraie « compétence » acquise, qui s’entretient, et se remet en jeu en permanence.
But & Point de départ.