la création : moteur, création et engrenage
conclusion de la communication au colloque de selestat, organisé par cadence
le 19 novembre 2018, nous avons été invités à présenter notre travail et notre engagement en faveur de la création musicale au conservatoire de villefranche, et dans notre pratique pédagogique et artistique lors d’un colloque organisé à Selestat par Cadence, pôle musical régional. COMPOSER, INVENTER, CRÉER… POUR ET AVEC LES AMATEURS
L’intitulé de notre intervention était : « la création : moteur, création et engrenage »
en voici ma conclusion
Tout d’abord, voici le texte d’introduction de cette journée :
« Les questions de la création, et plus largement de l’invention ou de l’imaginaire, dans les milieux de la pratique et de l’enseignement musical, prennent de plus en plus d’importance, tant elles sont sources de richesses et de développement. Cette journée a pour ambition de faire le point sur ces sujets et de proposer des pistes nouvelles, susceptibles d’enrichir, de développer et de personnaliser les projets pédagogiques et artistiques. »
Pour conclure [cette intervention], je me suis demandé pourquoi nous faisions tout cela? (toutes ces actions en faveur de la création).
Est-ce seulement un effet de mode, une passade?
Après des années de pratique et d’expérimentation, je suis presque sûr que c’est bien plus que cela.
En effet, la création, et l’invention perpétuelle sont le propre de l’être humain. Comme il est avide de voyager et découvrir le monde, il est avide d’invention, d’imagination, de création.
Combien de fois ai-je vu des élèves se réveiller, s’allumer, se révéler, plongés dans une situation de création personnelle, alors que je les croyais apathiques, démotivés, désinterressés?
La création doit être un des piliers de la vie musicale, tout comme la pratique musicale collective, et l’improvisation. Et pourquoi pas tout ensemble?
Dans cette période où le DIY (Do It Yourself) devient un mode de vie, s’étale en vidéos et tutos innombrables sur le net, où les magazines, les cours et les ateliers de créations artistique se démultiplient, pourquoi les conservatoire n’en seraient pas un des lieux forts de promotion et d’initiation?
Un lieu vivant où se côtoient apprentissages, pratiques répertoire et inventions, fabrique, création.
Sinon de briller par leur absence, au risque d’être délaissés par des musiciens en mal d’aventures et d’espaces ouverts.
Je revendique haut et fort ce droit au bricolage, à la manipulation, à la recherche qui n’aboutit pas toujours. Il est le vivifiant moteur complémentaire d’une pratique instrumentale aboutie.
Il est le carburant d’une vie musicale au long cours.
Cela permet d’inscrire son instrument dans un quotidien et un compagnonnage étroit. D’en faire un outil positif, joyeux, généreux, à la mesure de nos envies créatives, des plus modestes aux plus aventureuses.
Il n’est plus l’objet que l’on travaille, il est celui par lequel on pratique et l’on créée. Et cette simple transformation peut révolutionner et activer la motivation.
Par ailleurs, comme les mots ont un sens, et engendrent une représentation collective, il serait opportun de se pencher sur la dénomination des établissement d’enseignement musical.
Fort de son regard aiguisé, Il y a quelques années déjà, le prolixe Bernard Lubat avait justement renommé les conservatoires en « conservatassoire ».
Très modestement, à mon tour, je proposerais bien un nouveau néologisme : le « concertcréatoire ».
A inscrire au fronton des établissements, et de leurs projets pédagogiques.
En espérant vraiment, qu’associé à une réelle transformation en actes, et un renversement de perpective, cela conduise à un renouveau dans l’entrée et dans la pratique musicale et instrumentale.
Enfin, pour finir, j’ai alors retourné la question : « et pourquoi ne faudrait-il pas le faire? »
Qu’est ce qui justifierait que je cesse de propose cette ouverture à mes élèves?
Quelle tare la création musicale porterait-elle en elle pour en interdire l’accès aux jeunes musiciens?
A vrai dire, je n’en vois guère qui ne puisse être surmonté. Et puis, tout cela n’est guère nouveau. Il y a quantités d’exemples à travers l’histoire et le monde. Ce n’est pas une révolution, mais peut être seulement un juste retour aux fondamentaux.