Intelligence & Pédagogie Collectives
Même si les termes présentent beaucoup de similitudes, ils n’en sont pas moins assez éloignés dans leurs objectifs et leurs finalités.
Il convient de ne pas les mélanger, pour éviter confusions et méprises pédagogiques malheureuses.
L’intelligence collective
propose de trouver la solution à un problème complexe, grâce à l’ajout et la mise en oeuvre simultanée de compétences et de savoir-faire individuels.
L’atteinte de objectif final est primordial et surpasse l’enjeu personnel. Le groupe permet de dépasser un résultat qu’un individu seul peinera à atteindre (compétences restreintes, biais cognitifs, énergie « unique »…)
C’est le collectif grâce à l’individuel
Ici, la progression individuelle n’est d’ailleurs clairement pas un objectif. Elle est au mieux un « dégât » positif collatéral.
Bien que mesurable, elle l’est rarement dans ce contexte.
Mais on peut légitimement supposer que des transferts de connaissances puissent s’opérer dans ces conditions.
Et il serait intéressant de suivre un groupe qui travaille régulièrement en intelligence collective, et suivre les motivations, et progressions individuelles sur la durée. Ainsi que les champs d’apprentissage touchés.
La situation de l’intelligence collective pourrait être rapprochée des pratiques collectives artistiques, sportives, ou de jeu où l’objectif final prévaut sur l’individu, jusqu’à l’excès parfois.
Mais elle s’en démarque justement par l’unicité du résultat.
Les pratiques collectives sont elles par essence « polyphoniques ». Elles sont le résultat de la superposition des actions individuelles, encadrées ou non.
La pédagogie collective
propose d’utiliser les situations de groupe et les ressorts des énergies et intelligences collectives pour permettre à TOUS de progresser individuellement.
Ici, chacun doit avoir appris et progressé grâce au groupe. On doit mesurer la progression individuelle. C’est l’individuel grâce au collectif.
Autre différence fondamentale avec l’intelligence collective : La question n’est complexe que pour celui qui ne sait pas encore, où qui « bute » sur l’apprentissage, ou le moyen d’y parvenir.
A priori, il pourrait aussi y arriver seul. Mais grâce au groupe, chacun peut essayer de dépasser ses biais cognitifs, mieux ancrer et fixer ses apprentissages. Pour cela quelques leviers vont venir étayer ce parcours :
- L’apprentissage entre pairs
- Mise en commun des savoirs, tutorats
- Mise en commun des énergies, et des variations de motivation
- Mise en oeuvre et valorisation des connaissances préalables et extérieures
- Utilisation des modalités et temporalité différentes d’apprentissage (visuel, auditif, kinesthésique etc.)
Dans les deux cas, les conditions de mise en oeuvre ne diffèrent qu’en de rares points.
Voici quelques pistes à soigner :
- La liberté d’expression, la confiance, la bienveillance sont les premiers facteurs de performance collective. C’est extrêmement important que chacun puisse s’exprimer de façon indépendante, en encourageant l’originalité
- Décentraliser les sources, et les points de vues. L’enseignant sait n’intervenir que quand c’est c’est nécessaire.
- La diversité des approches est essentielle, une équipe multidisciplinaire est plus riche. Encore plus en variant les sensibilités plutôt que les compétences. La façon de penser importe plus que l’expertise initiale
- Cultiver la variété, la mixité des points de vues, la diversité des propos
- Si on ne peut pas intervenir sur la constitution du groupe, il faut varier les angles d’attaque et contrer les biais potentiels
- Veiller à l’inclusion, aux intelligences variées
- Communiquer, se parler souvent, s’adapter souvent
- Faire personnalités extérieures, Qui ne sont pas forcément des experts
- La logique des apprentissages reste souvent confondue avec la logique des savoirs. Il faut passer par la différenciation des parcours d’apprentissage
- Organiser l’espace car le lieu est essentiel. Même si on ne dispose que de quelques mètres carrés, il faut être inventif et les plier aux besoin de l’expression des groupes, sous-groupes, mouvement incessant d’aller-retours liés aux apprentissages collaboratifs
et Le Rôle de l’enseignant/animateur/facilitateur?
Car selon les moments et contextes, on peut être tout cela à la fois, ou tour à tour.
Et c’est bien là le soucis!
Si l’on oublie de d’anticiper, de se poser la question de l’objectif à atteindre et de la situation à construire, on peut rapidement coiffer la mauvaise casquette et créer des confusions et méprises qui empêcheront d’atteindre les objectifs du groupe, ou des élèves.
Le rôle principal sera de garantir les règles de mise en oeuvre, de varier les postures, afin de permettre de faire éclore les attendus.
Mais, ce sujet est vaste, et… ce sera l’objet d’un autre article!