Créativité VS Création.
Voilà deux mots bien à la mode dans toute la littérature de la formation, de l’enseignement, du coaching, de l’agilité, du recrutement mais aussi du développement personnel ou du DIY.
Et c’est bien souvent sous forme d’injonction, de présupposé, ou de pré-requis.
Il faut « être créatif », « développer sa créativité ». C’est le royaume de la surenchère!
Mais, à plus y regarder, les concepts et définitions qui se trouvent sous ces mots semblent bien flous. Les termes s’entrechoquent, se contredisent, s’entremêlent.
Il faut dire que la Création, avec ses grands airs mystérieux, souvent jetée avec ce grand C majuscule, et ses grands airs mystérieux, a de quoi faire peur et en imposer.
Alors j’ai l’impression que pour minimiser l’enjeu et diminuer la peur, la créativité a peu à pris plus de place ces derniers temps. Tout en empruntant d’autres sens intermédiaires.
Déjà, la Création semble dédiée au seul champ artistique, gardant sa majuscule, et son aura mystérieuse. La créativité, gardant sa minuscule, se voit alors attribuer des champs plus « accessibles » et mineurs.
Mais cela conduit à des contresens, lourds de conséquence, aussi bien dans les représentations collectives, que dans les formations, ou les processus d’intelligence collective.
A tout confondre, en diluant tout, on peut manquer d’atteindre les objectifs essentiels.
Alors, comme souvent, j’aime bien commencer le jeu de piste en retournant aux sources, en ouvrant des dictionnaires.
C’est toujours instructif. Et dans ce cas cas là, plutôt clair.
Pour la créativité :
Selon le Petit Robert
« Pouvoir de création, d’invention. »
Selon l’Académie Française
« Aptitude à créer, à inventer.
Faire preuve de créativité. Manquer de créativité. Créativité artistique. Créativité industrielle. Stimuler la créativité dans une entreprise. »
Les exemples sont intéressants car ils supposent que la créativité ne s’exerce pas de la même façon dans le milieu artistique, industriel ou de l’entreprise. Et donc que les compétences attendues ne sont pas identiques.
Pour la Création :
Selon le Petit Robert
« Action de donner l’existence, de créer, Action de faire, d’organiser (une chose qui n’existait pas encore). Le fait de créer une œuvre (opposé à imitation). »
Selon l’Académie Française
« Action de créer ; résultat de cette action. Action par laquelle l’homme invente, forme, établit. »
Si l’on résume :
La créativité est donc une aptitude à créer, supposant des compétences différentes selon les champs techniques ou artistiques ou elle s’exerce.
La création est un verbe d’action qui conduit à produire une nouvelle chose qui n’existait pas encore. La création serait donc l’objet produit par la créativité, l’aboutissement d’un processus rendu concret grâce à la créativité.
A ce stade, pas de notion de qualité, d’originalité (sauf peut être dans l’opposition à l’imitation), de hiérarchie, de complexité. Et c’est bien là le plus important.
Alors, si la créativité est une aptitude, elle suppose donc des compétences. On pourra donc les transmettre, apprendre à et puis assez facilement les évaluer.
Pour ce qui est de la création, la transmission pourra se concentrer sur l’apprentissage de techniques requises dans le champ attendu, à l’aptitude à se mettre au travail, à finaliser, à respecter des délais, et éventuellement à des notions spécifiques comme la création collaborative en équipe.
L’évaluation pouvant alors se résumer au respect des consignes.
Car l’évaluation de l’objet final, est un sujet complexe, voire épineux. Et on pourrait consacrer un livre entier à ce sujet.
Que juger sinon au delà de la validation de la finalisation?
Peut être l’originalité, la transgression, l’inattendu?
Mais il sera alors question d’assumer la subjectivité de l’observateur, et son droit à se tromper
Pour conclure, je dirais que la créativité est essentielle et accessible à qui veut s’en donner la peine. Elle devrait être valorisée, envahir le quotidien, à tous niveaux, et dans tous les domaines.
En regard la création est un chemin plus ardu et bien plus « sauvage ». Son succès dépend de tant de facteurs extérieurs, qu’il est difficile d’en assurer une « recette » viable.